En automne 2016, Christine Dwane, Gustavo Estrada et Pierre-Yves Paquette, tous les trois professeurs à l’ÉJM, ont enseigné à l’Université de Nanjing en Chine. Ils ont accepté de répondre à quelques questions pour nous parler de leur expérience.
Le jeudi 23 février à compter de 17 h 30, Christine Dwane et Pierre-Yves Paquette donneront une conférence à l’ÉJM sur leur expérience de voyage.
Comment est né le projet d’aller enseigner à l’Université de Nanjing en Chine?
Pierre-Yves Paquette : Pierre Wilson, directeur du Musée des maîtres et artisans du Québec (MMAQ), a d’abord rencontré Mme Sarah Wang en 2015 lorsqu’elle cherchait une salle afin de présenter des créations d’artistes chinois lors de la Semaine de la mode de la ville de Nanjing qu’elle a présentée ici et en Europe. Cette rencontre a donné l’idée à M. Wilson de voyager en Chine pour trouver des artistes potentiels à présenter au MMAQ. Lors de ce voyage, il a découvert le travail des étudiants de l’Université des arts de Nanjing (UAN) qui était très actuel. À son retour, il a cherché à monter un projet avec l’Université de Nanjing avec l’aide de Mme Sarah Wang afin de faire participer trois joailliers québécois à une résidence d’artiste, suivie d’une exposition à l’UAN.
Qu’avez-vous fait exactement à l’Université?
Christine Dwane : Chacun d’entre nous a présenté une technique précise aux étudiants. Ces derniers ont conçu des pièces en utilisant la technique enseignée et l’ont également intégrée à d’autres pièces qui étaient déjà commencées et conçues par eux. Nous avons également fabriqué des pièces basées sur le thème de l’exposition que nous préparions.
Pierre-Yves Paquette : Il y a eu une portion d’enseignement d’une durée approximative d’une demi-journée (5%), puis un suivi des projets de temps à autre lorsque les étudiants avaient des questions ou des problèmes (5 %) et 90 % du temps était dédié à une résidence d’artiste.
Comment se sont déroulés les échanges avec les étudiants en joaillerie?
Pierre-Yves Paquette : Dans certains cas, la langue fut un problème, parce que les étudiants parlaient difficilement ou pas du tout l’anglais. Ils se sont tous inspirés des techniques que nous leurs avons montrées pour concevoir leurs pièces. Je crois que c’est leur façon de procéder lorsqu’un étranger vient leur enseigner : c’est une forme de démonstration de respect. Les étudiants étaient très serviables. Ils avaient beaucoup d’entraide entre eux et avec nous lorsque nous avions des problèmes de toute sortes : que ce soit pour l’équipement, un problème de traduction, de transport ou d’aller à la banque. L’équipement et les techniques étaient légèrement différents ce qui nous a obligé à tomber en mode résolution de problèmes, chose qui fut fort plaisante. En utilisant notre bagage de connaissances, nous avons réussi à pallier à la plupart des problèmes techniques auxquels nous avons été confrontés.
Gustavo Estrada : Les étudiants de l’UAN ressemblent à ceux d’ici au niveau universitaire. Ils ont énormément de connaissances sur l’art actuel et leur niveau technique est bien développé.
À quoi ressemblait votre quotidien?
Gustavo Estrada : Beaucoup de travail… et plus de travail!
Pierre-Yves Paquette : Nous avons vécu à leur rythme durant le séjour, travaillant jusqu’à 14 heures par jour afin de produire des pièces de qualité. Je crois que nous l’avons fait pour montrer une forme d’appréciation de leur générosité. Nous étions logés et nourris sur le campus. D’une certaine manière, nous avons vécu le mode de vie des étudiants chinois.
Christine Dwane : Les deux premiers jours, nous avons visité quelques sites d’intérêt : un musée du brocart, une usine de feuilles d’or, une artisane qui travaillait avec la soie. Nous avons travaillé la majorité du temps, mais nous avons eu beaucoup de plaisir ensemble et avec les étudiants. Tout le monde était serviable et chaleureux. Nous avons été très bien pris en charge.
Que retenez-vous de cette expérience?
Pierre-Yves Paquette : Une approche des techniques et des connaissances plus généreuse ainsi qu’un partage plus grand qui mène à une communauté d’artisans plus riche en savoirs, peu importe où l’on se trouve. La technique n’est qu’un contenant alors que l’idée est le contenu; elle permet de transporter votre idée où vous le voulez.
Gustavo Estrada : Que pour bien avancer dans notre développement personnel et professionnel, il faut sortir de sa zone de confort. Cette expérience m’a permis de faire de l’introspection et d’évaluer mes points faibles.